Mahila De La Forêt

Mahila De La Forêt Berger Allemand

Berger Allemand

ENTRE CHIEN ET LOUP

ENTRE CHIEN ET LOUP

Certains auteurs affirment qu’au Xème siècle des moines de la vallée de Munster auraient accouplé des chiens de berger avec des loups apprivoisés.

Une race nouvelle serait apparue et la sélection en aurait fixé peu à peu les caractéristiques. Mais tout porte à croire qu’il ne s’agissait pas de loups mais de chiens de berger locaux (Fiorone, 1997).

Dans son ouvrage Die Deutschen Hunde (1901), le naturaliste Strebel (cité par Teich Alasia, 1993) assure que des croisements furent pratiqués entre loups et Bergers allemands. Pendant une exposition à Dresde, il fit remarquer que chaque fois qu’un Berger allemand s’approchait des Barzoïs, lévriers chasseurs de loups, ces derniers devenaient furieux. Mais cette réaction n’est certainement due qu’à la ressemblance extérieure des Bergers allemands avec les loups.

De même Will Judy, dans son Encyclopédie du Chien (1936, cité par Teich Alasia, 1993), écrit que le Berger allemand est de la même famille que les chiens nordiques et autres Spitz, ce qui est tout à fait contestable, le premier ne possédant pas la plupart des attributs des seconds (queue enroulée sur le dos, petites oreilles, yeux obliques). D’ailleurs il est évident que les Groenlandais et les Malamutes d’Alaska sont beaucoup plus proches du Loup que ne l’est le Berger allemand, aussi bien en ce qui concerne la morphologie que le comportement.

Le même auteur rapporte qu’en 1887, Burger de Leonberg croisait encore des loups avec ses chiens de berger, pour en améliorer les performances physiques (vue, ouïe, vitesse, endurance). Mais tout porte à croire qu’il s’agissait d’une expérience isolée, sans influence sur la sélection que Von Stephanitz avait déjà commencé à entreprendre.

D’ailleurs il est raisonnable de penser que de tels croisements auraient apporté plus d’inconvénients que d’avantages en terme de travail: un caractère moins soumis, plus indépendant, plus craintif, donc moins apte au dressage.

Bien que comme toutes les autres races de chiens son ancêtre soit le loup (leurs séquences ADN ne diffèrent que de 0,2%), cette ressemblance du Berger allemand avec le loup ne provient donc pas de croisements récents entre ces deux animaux.

 

Premières tentatives d’uniformisation des races bergères allemandes

Dans l’Allemagne du XIXème siècle, aucune race homogène de chien de berger ne se profile de manière précise. On trouve alors ce qu’on peut plutôt nommer des types régionaux: les bergers de Wurtemberg, de Thuringe, de Souabe, de Bavière, de la Hesse… (Fiorone, 1997).

Dans les années 1870, la crise rurale liée à la révolution industrielle entraîne la baisse du nombre de chiens de berger; elle engendre cependant un regard différent sur ces animaux précieux.

La disparition progressive mais irréversible des traditions de la campagne crée en effet une mode culturelle de découverte des valeurs rurales qui transforme le chien de berger en chien de compagnie en ville (Teich Alasia, 1993).

D’autre part depuis 1871, l’Allemagne, sous la houlette prussienne de Bismarck, vit à l’heure centralisatrice. Contrairement aux Français qui essayent de sélectionner différents types régionaux de chiens de berger, les Allemands préfèrent créer une race nationale, symbole de la rigueur et de la qualité allemande (De Wailly et Dupont, 1993).

Dès 1877, certains éleveurs font une première sélection à partir de deux types, le Berger de Wurtemberg, grand et solide, au poil sombre et épais, à la tête forte et aux oreilles tombantes, au fouet frangé et porté en sabre, dont le travail consistait à protéger les troupeaux en montagne et le Berger de Thuringe, au poil court et gris, avec une ossature moyenne, aux oreilles droites, et dont la rapidité et la vigilance en faisaient un remarquable conducteur de troupeaux.

Les produits de ces premières expériences en matière d’élevage sont extrêmement hétérogènes, cependant le succès commercial de ces animaux est notable, certainement à cause de la ressemblance de certains d’entre eux avec les loups (Teich Alasia, 1993). 

 

Dès 1878, des éleveurs allemands tentent d’établir un groupement pour créer un type particulier, et dans son chenil prussien « César et Minka » situé à Zakna, Otto Friedrich élève des chiens de berger qu’il vend dans toute l’Europe; ce qui permit sans doute d’infuser un sang neuf pour la formation de races locales dans les pays frontaliers comme la Belgique.

Le 16 décembre 1891, le comte Von Hahn et le capitaine Riechchelmann, de Dunau, créent une association de race, le Phylax. Possédant déjà des sujets de taille moyenne, à oreilles droites et à queue portée basse, leur préoccupation s’oriente désormais surtout sur l’esthétique, mais des dissensions naissent, entraînant la disparition du groupement en 1895. En effet, certains éleveurs souhaitent conserver une ligne d’élevage du Berger de Thuringe, alors que d’autres préfèrent mêler Berger de Thuringe et Berger de Wurtemberg, pour obtenir un chien rapide, fiable, avec un caractère à la fois équilibré et dur (Ortega, 1994).

Le Capitaine Max Frederic Emile Von Stephanitz, né à Dresde en 1864, va lors devenir le véritable père du Berger allemand grâce à une rigueur dans la sélection qui ne s’est jamais départie durant ses 34 années de conduite de la race.

En 1897, il acquiert en Bavière la ferme de Grafath et, le 3 avril 1899, au cours d’une exposition à Francfort, il a le coup de foudre pour un jeune chien de troupeau gris et jaune de souche Thuringe, Hector Von Linkshrein, qu’il achète. Rebaptisé Horand Von Grafrath, il est le premier chien inscrit dans le livre des origines du Berger allemand (Schäferhund Ruchtbuch).

Von Stephanitz, qui est un homme d’action avant tout et veut imposer un type de berger national va, le 22 avril 1899, créer avec d’autres éleveurs, tel son ami Arthur Meyer, le Club du Berger allemand, c’est-à-dire le Verein für deutsche Schäferhund ou Union du Chien de Berger allemand, appelé en abrégé SV (Schäferhund Verein).

 

Le 28 septembre 1899, le premier standard de la race est publié afin de fixer les règlements et les critères de jugement. Von Stephanitz, en insistant pour que tous les chiens travaillant sur troupeau soient admis d’office, annonce la ligne de conduite qui sera conservée jusqu’à nos jours, qui veut qu’un Berger allemand soit avant tout un chien de travail. Selon lui, « est Berger allemand tout chien de berger qui vit en Allemagne et qui, grâce à un exercice constant de ses qualités de chien de berger, atteint la perfection de son corps et de son psychisme, perfection appréciée uniquement sous l’angle de l’utilité. »

Von Stephanitz poussera également propriétaires et éleveurs à utiliser cette race en multipliant les concours de chiens de troupeau et, dès 1901, les premiers concours de chiens de police.

En 1903, le SV publie d’ailleurs les règlements pour l’utilisation et le dressage du chien de police. Von Stephanitz a compris que le Berger allemand, chien polyvalent, possédait des aptitudes utiles en de nombreux domaines, pouvant être chien sanitaire (une association est crée en 1893), mais aussi chien de l’administration (police, douane, armée).

Pendant la Première Guerre Mondiale, l'armée allemande bénéficie de l'aide de milliers de Bergers allemands qui accomplissent d'innombrables missions: sentinelles, porteurs de messages ou de médicaments, traînant les brancards jusqu’aux blessés, etc..

Parmi les 28 000 chiens utilisés pendant la Grande Guerre, l'un d'eux, Romeo, permit de sauver 37 blessés (Ortega, 1994).

Au lendemain de la guerre de nombreux chiens bien dressés retrouvent la vie civile. La légende commence, les anciens combattants racontent leurs exploits. De nouveaux amateurs les rejoignent et s'aperçoivent des milles qualités de ces chiens.

En Allemagne les premiers bergers allemands chiens guides font leurs apparitions pour assister les mutilés de guerre.

Puis c'est enfin au tour de la France de découvrir le Berger allemand. Ainsi en 1920, Georges Barais, un industriel du textile, crée la Société du Chien de Berger d'Alsace, la fin des hostilités étant trop proche pour que soit donnée au chien qu'on aime une origine ennemie...

Moins de deux ans plus tard son origine allemande est reconnue (De Wailly et Dupont, 1993).

Naissance du Berger allemand moderne

Après cette guerre, le Berger allemand, qui a fait preuve de ses innombrables qualités, est très demandé et les éleveurs le produisent en nombre pour satisfaire aussi bien leurs concitoyens que les pays étrangers de plus en plus passionnés par la race. Il s'en suit un éloignement du type, avec des chiens de plus en plus grands et hauts sur pattes, au caractère douteux.

Pour prévenir ces excès est créé en 1922 le Körbuch, livre de sélection qui complète le Livre des origines, afin de préserver les qualités de caractère à l'origine du succès de la race; y étaient enregistrés après examen par un juge, les seuls sujets aptes à la reproduction.

Von Stephanitz est particulièrement vigilant concernant le choix des reproducteurs. Ainsi au championnat de 1925, il donna le titre à Klodo Von Boxberg, un chien gris et feu plutôt petit, plus long que la norme jusque–là appréciée, au caractère bien trempé. Ce chien marque le début d'une ère nouvelle, qui voit apparaître des chiens beaucoup moins rustiques et dotés d'une harmonie physique moderne.

En quelques années, la SV passe de 10 000 à 50 000 membres, nombre exceptionnel pour l'époque (Teich Alasia, 1993).

Le standard de la race est modifié en 1930, toujours dans le sens de l’utilité avant tout. Von Stephanitz qui s’éteint en 1933, après avoir bien servi la race pendant 34 ans, laisse derrière lui un ouvrage de plus de 1000 pages remplies d’anecdotes sur le Berger allemand.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Berger allemand va être utilisé à tous les niveaux et par toutes les armées du monde. En 1935 en Allemagne, le chenil principal est à Hummersdorf à l’école du service de renseignement de l’armée, mais bientôt chaque région possède son chenil (Ortega, 1994).

Malheureusement au lendemain de la guerre, le Berger allemand, injustement associé aux nazis, provoque la méfiance et cesse d'intéresser les acheteurs étrangers, particulièrement les Anglais et les Américains (Teich Alasia, 1993).

C’est seulement dans les années cinquante que la race recommence à se développer. 

Les successeurs de Von Stephanitz tirant les enseignements du passé, poursuivent son œuvre dans le même esprit. Il peut d’ailleurs être considéré que l’histoire moderne du Berger Allemand commence avec le Championnat d’Allemagne de 1951 et la consécration d’un sujet qui marque fortement l’évolution physique de la race: Rolf von Osnabrücker Land, chien très typé se caractérisant par des innovations morphologiques, au niveau de la puissance, du cou notamment, et de l’épaule. Un pas dans l’évolution de la race est franchi.

Un second tournant a lieu dans les années soixante-dix, avec l’apparition de la silhouette au dos descendant, qui lui procure une allure plus rasante ainsi que, dit-on, plus d’aisance et d’endurance dans le trot.

Cela est possible grâce à la participation de trois importants reproducteurs, très différents mais complémentaires: Canto von der Wienerau, Quanto von der Wienerau etMutzvonPeltztierfarm.

Leurs descendances croisées fixent les caractéristiques morphologiques du Berger Allemand de nos jours.

La fin des années soixante-dix est marquée par la seule descendance de ces trois grands étalons, et il faut attendre la moitié des années quatrevingt pour avoir de nouveau une grande révolution : l'arrivée de deux fils de Palme von Wilsteiger Land, une étonnante femelle capable de transmettre les particularités anatomiques, Uran von Wilsteiger Land et Quando von Arminius, qui domineront cette période et seront les seuls à l’origine de la race actuelle.

 

 

Selon Les origines du Berger Allemand